WE Gallois

Ce week end, avec Silvant Yannick et François, trois stagiaires français rencontrés à la salle de sport de l’université de Salford, nous avons décidé d’aller explorer le nord du pays de Galles. Expédition facilitée par la voiture de Silvant.

Initialement prévue pour le samedi uniquement, l’expédition s’est improvisée sur deux jours au dernier moment, la météo promettant un temps clément et relativement sec pour les deux jours.

Partis vers huit heures le samedi matin, nous pénétrons en pays gallois vers onze heures. Cela se remarque aux noms impossibles, parsemés de LL de W et de Y qui feurissent partout. Nous arrivons à Bangor à midi.
La ville est sympathique, et en flânant pour trouver la mer, nous nous égarons dans un parc boisé. Au détour d’un point de vue magnifique, nous découvrons un ponton typique du début XX° siècle, avec ses guérites coiffées de toits de zinc en bulbe, installé sur la bande de mer séparant Bangor de l’île d’Anglesey. Allons-y !

Allons-y, certes, mais par où ? Après avoir essayé tous les sentiers dans les bois susceptibles de nous mener à ce côté de la côte, une évidence s’impose : si on ne veut pas refaire tout le tour du parc par la route pour y aller, il va falloir couper à travers bois. C’est parti. Oui, mais, le parc est entouré de jardins privés impeccables. Nous avons dû traverser les fourrés et le sous bois touffu jusqu’à trouver un passage où un accès d’immeuble nous a permis de rejoindre la route moyennant la traversée d’une pelouse non clôturée, d’un pas dégagé et naturel… « Vous n’avez jamais vu quatre frenchies sortir d’un bois ? »

Eh ben maintenant c’est fait.

Le ponton est très beau, bien entretenu, et les pâtisseries vendues au bout réputées, non sans raison.

Le retour à la voiture s’est fait par la route, nous n’avons pas poussé le vice jusqu’à retraverser le bois.

 

Quelques courses d’appoint plus loin, le cap est mis sur l’île d’Anglesey, via un très beau pont à haubans XIX°. La route côtière est séparée de la plage par des propriétés plus jolies les unes que les autres, car en Angleterre, il semblerait que l’on puisse posséder un bout de côte. Et je ne parle même pas des petites îles dont le détroit est parsemé, sur lesquelles de merveilleuses petites maisons privées fleurissent, avec les petits ponts, les routes submersibles ou les embarcadères privés qui les relient à Anglesey.

C’est mignon tout plein, mais ça ne nous donne pas un bout de rivage pour pique-niquer !

Mais un peu avant Beaumaris, petit village doté d’un énorme château fort en ruines, nous trouvons enfin notre bonheur. Nous nous garons, embarquons le ravitaillement et filons trouver une crique tranquille, à l’écart de la route et des touristes.

Détail qui nous a effleuré, mais que nous n’avons pas pris assez au sérieux : la marée montante.

Qui a fermé notre petite crique pendant que nous nous gavions.

Conclusion, pour rentrer à la voiture, nous avons dû escalader un peu les rocher légèrement à pic au dessus de l’eau trop basse encore pour amortir une éventuelle chute. Mais tout s’est bien passé, et le retour à la voiture fut suivi d’une visite de Beaumaris et de son château. Impressionnant.

Il va de soi que nous avons mis un point d’honneur à ne pas payer le parking à touristes.

Par la suite, une poussée vers la pointe Est de l’île nous a amenée via les plages à une ancienne carrière donnant sur la mer par une pente raide et herbue. Là, une sieste au soleil s’est imposée, en gardant toujours assez de conscience cependant, pour éviter de glisser vers les quelques mètres de falaises qui nous séparaient –hélas- de la mer.

Une sieste-bronzette plus loin, retour à la voiture, cap sur un petit lac au centre de l’île pour passer la nuit. Les trois autres zigs voulant regarder le match de la France contre le Brésil le soir, nous avions choisi un lac près d’un bled susceptible de comporter un pub. Après reconnaissance du pub du village, et une nouvelle séance de passage à travers fourrés et ronces au bord du lac – pour finalement trouver un affût pour ornithophiles, belle cabane spacieuse avec un joli sentier qui nous aurait évité bien des écorchures et des orties – nous revenons au pub pour voir gagner la France. Ceux qui me connaissent savent qu’il s’agissait du premier match de football que je regardais de ma vie. Mais il y avait bien d’autres animations dans ce pub, assurées par les autochtones.

D’abord les commentaires sur la défaite des anglais dans l’après-midi… Pas très aimés des gallois, les anglais. Presque pire que des écossais. (On peut se demander qui les aime, en fait ?)

Bref, ils étaient contents que les Anglais se soient fait rétamés, sans entrer dans la traduction en détail du vocabulaire fleuri employé.

Et durant la soirée, ils n’ont pas arrêté de faire les pitres. Le sommet a été atteint lorqu’un troupeau de baleines roses est entré au pub. A première vue, c’était un concours de baleines, car la plus grosse et la plus vulgaire était décorée. En fait, il s’agissait d’un enterrement de vie de jeune fille. Ca laisse perplexe.

Bref, la France à gagné, les gallois et les français étaient contents, et nous avons réintégré notre petit bois. Là, récolte de combustible dans le sous-bois et mise en route du feu, qui après s’être un peu fait prier, nous a cuit notre repas sans problème. Au moment de se coucher, lorsque la question « Pelouse ou cabane ? » s’est posée, une mini averse a mis tout le monde d’accord : cabane !

Et finalement, nous avons bien dormi, quoi que certains oiseaux – sans doute non syndiqués- continuent de chanter et piailler toute la nuit. Au matin, réveil par des amateurs d’oiseaux essayant de rentrer dans la cabane  vers 9 heures. Heureusement, en prévision, nous avions improvisé un petit loquet ad hoc, juste de quoi avoir le temps de se réveiller avant d’être surpris au lit. Et pour ceux qui dormaient derrière la porte de se faire décalquer proprement.

Petit déjeuner à la fois sobre et somptuaire : cookies, pain et eau.

Départ pour Holyhead, village à l’autre extrémité de l’île, qui avait l’air beau sur la carte. Mais seulement sur la carte. Débarcadère du ferry pour l’Irlande, l’endroit est gris et sordide. D’autant plus que le temps avait profité d’un instant d’inattention pour virer au gris lui aussi. Mais la pointe extrême de l’île s’est révélée extraordinaire, rochers, lande, falaises à pic déchiquetées, phare sur son rocher isolé… Quel endroit merveilleux !

Mais le temps passe, et nous avons encore l’intérieur du pays à visiter. Et avant toute chose, un passage à Caernarfon, splendide ville fortifiée dotée d’un château comme on en voit peu. Et avec Caernarfon, le retour du soleil a achevé de rendre cette journée merveilleuse. Cap ensuite sur l’intérieur du pays, à travers le massif du Snowdon (point culminant du pays de Galles). Après une petite péripétie avec un Gallois excité du volant (qui a du être très frustré lorsqu’il s’est arrêté pour chercher la bagarre, de ne récolter que quatre chaleureux au revoirs… Nos mamans nous ont toujours appris à être polis, même avec les cuistres étrangers saouls et violents), nous avons pris le temps d’une ballade entre pâtures à moutons, fougères et sapinières, vers un petit sommet où la vue panoramique était époustouflante.

Enfin, arrivés à Betws-y-Coed, un panneau indiquait les fameuses cascades de Swallow (Swallow falls). Bien entendus, nous avons là aussi mis un point d’honneur à ne pas payer le parking à touristes. Et lorsque nous avons constaté qu’il fallait payer une livre pour aller voir les fameuses cascades, notre sang n’a fait qu’un tour… Nous avons marché en amont de la rivière, et moyennant un petit saut du parapet dans un champ en contrebas, nous voici en maillot de bain, les pieds dans la rivière. Nous avons avisé un petit sentier qui descendait en dessous des cascades, et toujours pieds nus en maillot de bain, à travers bois, nous avons exploré les bassins des chutes de Swallow. Sous l’œil médusé des touristes qui non seulement avaient payé leur entrée, mais n’étaient pas autorisés à se baigner… Héhéhé… Un certain nombre de photos immortalisent ces baignades dans l’eau fraîche de la rivière, et les douches sous les cascades.

Pour comble de l’ironie, les touristes qui n’estiment pas avoir assez payé jettent des pièces dans l’eau pour faire de vains vœux. Au final, cela nous a payé notre goûter sur le chemin du retour ! Enfin, nous avons mis les voiles à travers terre, pour retrouver notre Manchester quotidien, sa brique, son béton et son goudron…

Je me dis que si l’homme a pu créer des endroits aussi laids alors que la nature est si belle, c’est quand même bien une preuve qu’on ferait mieux de lancer la guerre bactériologique avant qu’il soit trop tard pour se débarrasser de cette sale bête humaine !

 

Voilà les photos de ces instants inoubliables, mis en ligne par Yannick. Il y a la collection complète, soit 250, ce qui est un peu excessif. une utilisation judicieuse de l’index vous conduira directement aux plus beaux paysages !

 

http://in-uk.over-blog.org/article-3206274.html

http://frannick.fotopic.net/

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2 commentaires pour WE Gallois

  1. Gwenaëlle dit :

    Bangor : au XVIII le point de convergence de tous les gens perclus de dettes qui fuyaient le Pays de Galles dans un sens et l\’Angleterre dans l\’autre, sans compter les couples pre et post puberes qui voulaient s\’unir sans le consentement des parents.
    bref c\’est du joli, vous trainez dans de beaux lieux de perdition, mais quand on voit que vous vous amusez a voler les voeux des braves gens 😉
    j\’espere que tu as honte !!!!

  2. Silvant dit :

    Nous avons lu ton petit speech et rien à dire, si ce n\’est que tu as oublié qu\’on a faillit se faire écraser par les baleines sauvages du pub étant donné qu\’elles voulaient nous pincer les miches.
    François Yannick et Silvant
     

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